Un enregistrement audio, non authentifié, d’environ cinq minutes, alimente les conversations entre Abidjan et Bamako.
Un enregistrement audio, non authentifié, d’environ cinq minutes, alimente les conversations entre Abidjan et Bamako. La conversation entre deux personnes, présentées comme Alassane Ouattara, chef de l’Etat ivoirien et Boubou Cissé ex-Premier ministre malien, porte sur les nouvelles autorités maliennes. Ces échanges téléphoniques, ils sont authentiques, seraient une menace sérieuse à la sûreté de la Côte d’Ivoire.
Mi-septembre 2016, une affaire d’écoute téléphonique éclabousse Guillaume Soro, alors président de l’Assemblée nationale. Il est accusé d’avoir soutenu le putsch manqué à Ouagadougou en raison des échanges téléphoniques non authentiques qui l’incriminent. Six années plus tard, une autre affaire d’écoute téléphonique est attribuée cette fois ci au chef de l’Etat, Alassane Ouattara.
De prime abord, il ne serait pas erroné de s’inquiéter pour la sûreté de l’Etat ivoirien au regard du fait que des présumées conversations des personnalités se retrouvent sur la place publique. Cette thèse est enrichie et fécondée par les propos de Guillaume Soro, alors chef du Parlement ivoirien. Samedi 16 février 2019, il faisait de graves révélations dans son fief à Ferkéssedougou. « Militer dans un parti, chacun est libre. Donc on ne devrait pas vous maltraiter à cause de moi. Ça aussi c’est pourquoi je fais attention parce qu’il y a des cadres, quand ils vont venir ici ou bien ils vont m’appeler maintenant. Comme on écoute les téléphones de tout le monde, on risque de dire, ah ! celui-là, il a parlé avec Guillame Soro, renvoyez-le », révélait l’ex-chef du Parlement ivoirien trois ans plus tôt.
Sommes-nous dans une guerre froide au sommet de l’Etat entre dirigeants et opposants qui se renvoient des coups ? Les échanges téléphoniques des chefs d’Etats africains sont-ils protégés ? Respectent-ils eux-mêmes les protocoles de sécurité ? Pourquoi ce phénomène est devenu récurrent sous le régime Ouattara ?
Par-dessus les thèses les plus fantaisistes ou surréalistes, nul doute que le mal semble plus profond. Peut-il en être autrement si le continent noir reste dans la consommation et non l’industrialisation en vue de se doter de ses propres outils de communication et de défense ?